Les quantités de déchets d'asphalte (matériaux bitumineux de démolition) produites chaque année sont importantes (en Suisse,3.25 mio t/an et dans I'UE 150 mio t/an). Aujourd'hui, au maximum 85% de ces déchets sont valorisés en Suisse dans le domaine de la construction (~90% de la fraction contenant moins de 1'000 mg/kg de HAP). Toutefois, les déchets bitumineux contenant plus de 250 mg/kg de HAP ne pourront plus dès 2026 ètre recyclés tels quels dans la construction et ne pourront plus dès 2028 être mis en décharge. La seule filière d'élimination pour ces déchets, dont le volume est estimé à 500'000 t/an, sera alors l'exportation vers les usines de traitement aux Pays-Bas. Du point de vue des émissions de CO2, ceci est défavorable en raison des importantes distances de transport, du processus de combustion à 850°C et la décarbonatation d'une partie des minéraux. De plus, les grains sortant du processus de combustion hollandais voient leurs propriétés techniques amoindries tandis que la présence du CaO provenant de la décarbonatation des calcaires ou des grès est également problématique et empêche leur utilisation dans la fabrication de béton.
Ainsi, il est aujourd'hui nécessaire de développer de nouvelles filières d'élimination en Suisse pour ces 500'000 t de déchets bitumineux contenant des HAP à plus de 250mg/kg. NewRoad a développé une méthode pour nettoyer les matériaux bitumineux de démolition, appelée NBCleanTech®. Elle permet de disloquer les produits de fraisage, sans concassage préalable en une fraction minérale contenant sable et gravier (~70%) ainsi qu'une autre fraction contenant le liant, bitume eyou goudron, et de la poussière minérale (~30%). Une première installation pilote qui traitera 15 t/heure de déchets bitumineux est en train d'être construite. Toutefois, lorsque la technologie NewRoad est appliquée à des déchets bitumineux contenant plus de 250mg/kg de HAP, le liant se trouve très fortement enrichi en HAP et est donc impropre à la valorisation. ll devrait donc être exporté aux Pays-Bas.
Le présent projet porte sur la comparaison entre cette filière et la mise en oeuvre d'alternatives d'élimination thermiques en Suisse (destruction des polluants par pyrolyse à 650°C ou combustion à 600°C, avec dans les deux cas production de chaleur). ll s'agit ici d'étudier les différentes technologies disponibles en considérant leurs coûts d'installation et d'exploitation, leur bilan énergétique et leur impact sur l'environnement (eau, air, sol).
Sont aussi considérés la qualité et la valorisation des produits finaux possibles (e.g. I'huile de pyrolyse) ainsi que la possibilité d'intégrer des solutions de captage et de stockage du carbone (CSS). Des premiers tests avec des petites quantités (batch de 200 g) prometteurs ont été faits à la haute école de Sion.