L'objectif de ce projet est de donner une réponse d'économie circulaire et locale au problème de la décontamination des sols et des sous-sols pollués par des per- et polyfluoroalkylées (PFAS) et des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP).
Les PFAS sont des produits chimiques difficilement biodégradables et se retrouvent dans le sol et sous-sol ce qui menace la qualité des eaux souterraines. Des quantités inquiétantes ont été détectées autour des places d'entrainements de pompiers et/ou des lieux d'incendies, car les mousses d'extinction contiennent des PFAS.
De grandes quantités de HAP sont contenues dans le goudron, qui a été utilisé dans la construction de routes pendant des nombreuses années mais qui est aujourd’hui remplacé par le bitume. Lors de la rénovation de ces chaussées goudronnées, il n’est pas rare de constater que les terres d’accotement sont également contaminées et doivent être évacuées.
Dans certains cas, les terres d’accotement peuvent être lavées dans des installations de lavage de sol si les parties minérales sont suffisamment riches en matériaux revalorisables. Sinon, ces terres finissent en décharge. Dans le cas des sols et des sous-sols pollués aux PFAS la situation est différentes : nous sommes confrontés à une urgence en matière d'élimination en Suisse. Le lavage de sols ne décontamine pas suffisamment et les sols doivent être traités thermiquement à l’étranger à de très hautes températures.
Weibel AG et sa spinoff NewRoad AG ont développé et breveté une technologie pour le traitement de l'asphalte, appelée NBClean-Tech®, qui permet de disloquer les produits de fraisage, sans concassage préalable en une fraction minérale contenant sable et gravier (~70%) ainsi qu'une autre fraction contenant le liant, bitume/ou goudron, et de la poussière minérale (~30%). Le principe de cette technologie est d’immerger les matériaux dans un réacteur contenant de l’eau muni d’un malaxeur et d’injecter des nanobulles hydrophobes (O2 ou CO2) à haute densité. La création de nanobulles relativement stables se fait par une réaction de dismutation de peroxyde d’hydrogène, qui est le seul agent chimique utilisé. Ces nanobulles ont un diamètre d’environ 300 nm et une haute pression interne (10-30 bars). Comme les nanobulles sont hydrophobes, elles se lient aux polluants également hydrophobes par des interactions hydrophobes et les détachent ainsi de la partie minérale. Comme les nanobulles sont soumises à la pression d'Archimède, elles remontent rapidement vers la surface et coalescent par ce biais, entraînant avec elles les particules de polluants. À la surface de l'eau du réacteur, les nanobulles et les polluants forment une mousse qui peut être écumée. Suite au traitement, une fois l'eau éliminée par séchage, la fraction minérale et la faction contenant le liant sont exploitables et l'eau du procédé est réutilisée en circuit fermé. Cette technologie est également prometteuse pour décontaminer les terres d'accotements routiers qui contiennent des HAP et les sols et sous-sols pollués aux PFAS. II sera intéressant de tester si, le processus de nanobulles présente éqalement un potentiel de décontamination de matériaux pollués par d’autres composés fortement hydrophopes comme les dioxines et les furanes.
Le projet a été accepté sur la base de la demande de subside du 03.05.2022 à l’occasion de la séance de la Koko UT du 08.06.2022.