Dans le cadre du projet « Une rotation régionale contre le syndrome des basses richesses (SBR) dans les betteraves sucrières », les betteraviers du Chablais (VD/VS) se sont engagés, en majorité, à ne pas cultiver une culture d’automne après les betteraves récoltées en 2021. Ainsi, 89.9% de la surface betteravière 2021, de cette région fut suivie d’une culture de printemps afin de réduire l’envol des cicadelles vectrices du SBR en 2022.
Afin de déterminer l’efficacité d’une rotation régionale contre le SBR, l’envol et le vol des cicadelles furent mesurés dans la région du Chablais en 2022. Des pièges à émergences, installés sur des parcelles, où une culture de printemps ou d’automne a été semée après les betteraves 2021, ont validé la forte efficacité d’une culture de printemps à réduire l’envol des cicadelles. En effet, extrapolé à l’hectare, jusqu’à 690'000 cicadelles /ha s’envolaient lorsqu’un blé d’automne était semé après les betteraves 2021. A l’inverse, aucune cicadelle ne s’envolait lorsque des pommes de terre étaient cultivées après les betteraves. Une faible quantité de cicadelles s’envolait des cultures de soja et maïs avec, respectivement, 18'516 et 4'630 insectes /ha. Le vol des cicadelles dans les betteraves 2022 fut également influencé par la proximité des parcelles betteravières avec les parcelles où un blé d’automne suivait les betteraves 2021. En effet, les parcelles de betteraves 2022 voisines des parcelles cultivant du blé d’automne après les betteraves 2021 montraient le vol de cicadelles le plus élevé. Enfin les symptômes liés au SBR se sont montrés plus rares dans les régions du Chablais où la part de culture de printemps après betteraves était élevée. Cependant, la région d’Ollon montre encore les limites de cette mesure avec la présence du SBR malgré une forte concentration de culture de printemps semée après les betteraves 2021.
Cette dernière observation met en évidence l’importance de respecter cette mesure de rotation sur plusieurs années et à l’échelle d’une région entière afin d’évaluer si elle est effective à long terme sur une région fortement touchée et de constater si elle permet de réduire progressivement les populations de cicadelles.