Les différentes méthodes d’évaluation du bruit des éoliennes en Suisse, que ce soit par modélisation informatique (projet de nouveau parc éolien) ou par mesurages in situ (parc éolien existant), font l’objet de nombreuses discussions au sein des différentes autorités et organismes concernés (Confédération, autorités cantonales, Suisse Eole…). La méthode de modélisation recommandée par l’OFEV se base sur le rapport de l’EMPA « Lärmermittlung und Massnahmen zur Emissionsbegrenzung bei Windkraftanlagen » de 2010. Quant à l’évaluation du bruit des éoliennes par mesurages sur des sites existants, il n’existe à ce jour pas de méthode officielle en Suisse.
Afin d’améliorer l’évaluation du bruit des éoliennes, ce projet de recherche a pour objectif principal de comparer, pour un parc éolien en service, la méthode de calcul actuellement employée en Suisse avec des résultats de mesurages in situ du bruit des éoliennes.
En ce qui concerne les résultats des mesurages, la méthode proposée a permis de valider un certain nombre d’éléments concernant le matériel et l’instrumentation (boule antivent), la durée nécessaire pour couvrir les différentes conditions météorologiques (1 mois), les différents paramètres à documenter (niveau sonore, vitesse du vent …), les périodes utilisables (de nuit entre 22h00 et 04h00), ainsi que le choix des emplacements de mesurages. Ces résultats ont aussi montré les limites de la méthode de mesurages. En effet, étant donné les spécificités de ce site (situation sur la crête avec une forte exposition au vent), il n’y a pas été possible d’extraire précisément le bruit des éoliennes des bruits de fond, même si le bruit des éoliennes est partiellement audible sur les enregistrements audio. Les bruits de fond (principalement le bruit du vent dans la végétation) sont relativement élevés sur ce site du fait de la proximité de la forêt et de la situation très exposée au vent (sur la crête). Dans cette configuration, les niveaux sonores mesurés représentent le bruit de l’éolienne mélangés aux bruits de fond, même après suppression d’une grande quantité de bruits perturbateurs. Les différentes méthodes testées (choix de périodes avec une audibilité marquée du bruit des éoliennes, analyse des niveaux sonores par tiers d’octave, analyse statistique L90) n’ont pas permis d’isoler plus précisément le bruit des éoliennes.
En ce qui concerne les résultats des calculs, la méthode recommandée en Suisse pour déterminer le bruit des éoliennes est tout à fait comparable à celles utilisées dans les autres pays voisins. Toutes ces méthodes ont adoptés une approche simplifiée de la propagation du bruit qui ne tient le plus souvent pas en compte des effets liés à la météorologie. La méthode préconisée en Suisse (norme ISO 9613-2 – modifiée selon recommandation EMPA) fournit globalement des résultats 1 à 3 dB(A) plus élevée que la norme internationale la plus couramment utilisée (ISO 9613-2) en raison de l’emploi d’un facteur unique concernant l’effet sol.
La comparaison entre les résultats des mesurages et de la modélisation montre que les niveaux sonores moyens globaux (LAeq moyenne annuelle de jour) obtenus par mesurages sont de 6 à 8 dB(A) plus élevés que les valeurs obtenues par modélisation. Si l’on tient compte de l’indice L90, la différence est de 4 à 6 dB(A). La différence entre les mesurages et la modélisation est particulièrement importante avec une vitesse de vent élevée (v > 7 m/s). Cet écart important entre les résultats des mesurages et les résultats des calculs s’explique principalement par le fait que les résultats des mesurages surévaluent le bruit des éoliennes étant donné la présence continue de bruit perturbateur (bruit du vent dans la végétation).
Afin de pouvoir optimiser la méthode de mesurage et la méthode de calcul, il serait nécessaire de pouvoir effectuer des analyses plus fines des enregistrements audio (analyse FFT), de compléter les données avec une campagne de mesurages complémentaires avec l’arrêt de l’éolienne et plusieurs emplacements de mesurages (aussi dans des secteurs moins exposés au vent) et d’étendre ce procédé à plusieurs parcs éoliens.