Les "Constitutions nationales démocratiques" adoptées par la plupart des pays francophones d'Afrique de l'Ouest dans le sillage des Conférences nationales du début des années 90, ont prévu la mise en place de "collectivités locales", opération communément appelée décentralisation devenue irréversible dans la sous-région. Elle octroie aux collectivités locales une autonomie d’action et de réelles prérogatives. En théorie, les objectifs visés consistent à rapprocher l'État du citoyen ; à mieux enraciner la démocratie locale ; à faciliter l'émergence d'un cadre institutionnel légitime et efficace de gouvernance locale ; à contribuer à une lutte plus efficace contre la pauvreté et à promouvoir le développement d'une économie locale. Avec le démarrage effectif de la décentralisation par l’installation des élus locaux, c’est sur les communes et leurs citoyens que repose désormais la gestion du développement durable. Elle institue une nouvelle approche faisant des populations “ des acteurs qui entreprennent et décident d’eux-mêmes de ce qui convient le mieux à leur bien-être et exercent un contrôle rapproché sur les élus ”.
Les élus ont désormais le mandat de promouvoir le développement à la base et de renforcer la gouvernance locale. Ils assurent, en coopération avec les services de l’Etat, la livraison des services publics dans les secteurs prioritaires de l’éducation, de la santé et de l’environnement. Ils ont aussi en charge la promotion du développement économique de leur commune devenue un niveau pertinent pour repérer les dynamiques locales, pour mesurer la capacité des habitants à s’organiser et mobiliser des ressources pour améliorer leurs conditions de vie.
Pour que cette chance soit saisie, il faut que les acteurs locaux, publics et privés, puissent disposer d’un savoir et d'un savoir agir suffisant afin d'inscrire leur action dans un cadre cohérent et prévisible. Ce qui est loin d’être le cas des communes. En effet, les constats établis par la recherche de ACE-RECIT ont identifié des déficiences en matière de capacité des services publics au niveau communal à contribuer à améliorer les conditions de vie des populations. Ces dysfonctionnements observés dans les services publics entraînent des conséquences graves sur la relation du citoyen à l’Etat d’une part, et aboutit d’autre part à une menace pour la pérennité de toutes les actions de développement entreprises. Il manque un cadre innovant d’accompagnement à la mobilisation des capacités locales pour la production et l’amélioration de ces services publics (accessibilité, disponibilité, stabilité, fiabilité, qualité).
C’est à partir de ces constats et en s’appuyant sur les sollicitations des acteurs locaux (exécutifs locaux, partenaires au développement, ONG, associations, services publics locaux, etc.) que ACE-RECIT a élaboré son programme d’appui aux à la délivrance et à l’utilisation de services publics.
Cette intervention se donne le double but :
• D’une part de permettre aux élus et acteurs locaux de se doter des informations utiles pour identifier les leviers sur lesquels ils peuvent agir pour améliorer la compétitivité et la qualité des services sociaux au sein de leurs collectivités et augmenter la participation des citoyens dans la gestion des affaires de la cité ;
• D’autre part d’animer et alimenter à l’échelle nationale et sous régionale au niveau des acteurs socio-politiques (étatiques, sociétés civiles, aides internationales etc ) une réflexion plus globale sur la place de la délivrance et de l’utilisation des services publics dans la construction de la cité.
La DDC et les Bucos de la région AOS sont "parties prenantes" des défis et des risques liés aux processus de décentralisation en cours. Une collaboration avec ACE-Recit va contribuer à clarifier leurs démarches d'intervention et renforcer leurs efforts d'harmonisation.